"Le SNV, Révélations sur l'affaire du médecin-orl poignardé" - Michael Woodhead

24 Août 2016 , Rédigé par SNV Publié dans #Mag

(Contrairement à ce qui est dit : le syndrome du nez vide n'est pas une pathologie rare)

Traduction française de l'article

« Le Syndrome du Nez Vide, Révélations sur l'affaire du médecin-orl poignardé »
(de Michael Woodhead)

Chine, nouvelles médicales. Dimanche, 1 Décembre 2013,

Grâce aux échanges recueillis sur les réseaux sociaux, après la publication d’un article intitulé « Syndrome du Nez Vide - le vrai meurtrier de l'affaire du médecin poignardé », ce mois-ci, Internet a mis l’accent sur une complication obscure de la chirurgie endonasale.

Ce fait divers tragique rapporté par Le Global Times le 1er Novembre, est arrivé le mois dernier à l'Hôpital du Peuple de Wenling, (numéro 1) dans la province du Zhejiang où Wang Yunjie, le Médecin Chef du département ORL a été poignardé à mort par Lian Enqing un de ses patients, insatisfait de son opération.

Après cette chirurgie du nez, Lian souffrait d'obstruction nasale, de maux de tête et d’insomnie, pourtant les examens n’avaient rien révélé d’anormal. La famille de Lian pensait qu’il était dépressif si bien qu’elle'a obligé Lian à accepter un traitement psychiatrique.
L'article révèle que si Lian a tué ce médecin c’est parce qu’il souffrait du Syndrome du Nez Vide ou (ENS), un effet secondaire de la chirurgie endonasale. Sur le forum ENS, des commentaires en ligne d'un patient citant seulement son nom de famille Zhang, ont révélé qu’il s’agissait de Lian qui racontait : « Maintenant, je suis habitué à la douleurmais dans les premières années, c’était terrifiant parce que personne ne me comprenait ».

Zhang a mentionné au « Metropolitan » qu'il avait le Syndrome du Nez Vide depuis plus de neuf ans, ce qui l’a rendu dépressif. Au cours de la discussion de groupe, à plusieurs reprises, Zhang et d’autres malades atteints d’ENS ont mentionné des expressions comme : « Une vie pire que la mort », « Se suicider » ou « Tuer les médecins ». Il existe des dizaines de forums comme celui-ci, et la plupart de ces groupes ont plus de 100 participants.

Beaucoup de gens en Chine ont été choqué d'apprendre qu'un patient avait tué un médecin. Mais les patients des forum ENS n'ont pas eu du mal à comprendre pourquoi Lian en est arrivé à cet acte ultime car ils éprouvaient les mêmes douleurs et ressenti que Lian.

Comme beaucoup d'autres malades ENS, Zhang souffre de sécheresse nasale et de problèmes d’obstruction nasale sévère après avoir subi cette opération consistant à enlever une partie des cornets, (membranes osseuses, indispensables au bon fonctionnement de la respiration), en cas d’obstruction nasale. « Mon nez est sec, mes poumons me font souffrir et je ne peux plus dormir correctement la nuit » a déclaré Zhang, qui a été obligé de quitter son emploi et se reposer à son domicile pendant plus d'un an, après la chirurgie. Zhang a fait examiner son nez dans de nombreux hôpitaux, mais tous les orls lui ont répété qu'il n’avait rien. Il a alors cherché ses symptômes en ligne et a fini par découvrir ultérieurement qu'il était probablement atteint du Syndrome Du Nez Vide.

L'an dernier, Jerry Xie, 30 ans, chez qui on a diagnostiqué une rhinite et dont les symptômes ont empiré cette année, avait subi le 7 octobre, sur les conseils de son médecin, une intervention consistant à enlever une partie de ses cornets. Xie ne sait pas s’il a l'ENS mais il a les symptômes, y compris la sécheresse nasale avec du mucus jaune épais avec du sang parfois.
Mais Xie n'a pas mentionné ses inquiétudes à son médecin avant et après la chirurgie. « Je pense que cette question est très sensible actuellement. Il n'a a pas oser en parler à son médecin,de peur qu'il soit sous pression et ne en s'enleve plus que ce qu'il y avait  à couper »
« Je peux comprendre l’incident de Wenling » a déclaré Xie. Après avoir échangé avec d'autres patients ENS sur les forums, il me semble que les attitudes des personnes souffrant du Syndrome du Nez Vide, sont déterminées par la gravité de la maladie. « Certains ont un discours très agressif ou pessimiste car ils sont atteints depuis longtemps du Syndrome du Nez Vide. »

«Les malades ENS devraient être reconnaissants car ce drame a permis à beaucoup de patients ENS de se rencontrer, sans cet acte, je ne connaîtrai ni le mot SNV, ni les patients ENS » a déclaré Xie.« J'espère que les médias vont apporter plus d'attention à l'ENS. La médecine moderne est très avancée et je crois que si elle est prend au sérieux l’ENS, cette grave pathologie peut être abordée par des experts. »

Si l'ENS est si commun et provoque autant de douleurs, pourquoi  la majorité d'entre nous n’en n’a pas entendu parler ? Probablement parce que c’est assez rare. Selon une étude universitaire publiée dans les Annales françaises d'Orl, en avril 2012, le Syndrome  du Nez Vide est une complication rare de la chirurgie du nez.

Un orl surnommé Yu, du premier hôpital de l'Université de Jilin, a déclaré au «  Metropolitan » que l’ENS a été pour la première fois décrit en 1994 et était provoqué par  la chirurgie endonasale, mais sa physiopathologie restait inconnue. « Habituellement, a t-il ajouté il y a deux causes qui provoque l’ENS : la première est une résection excessive de cornets jouant un rôle vital dans l’humidification, le filtrage, le réchauffement de l'air et le réglage du débit d'air. Lorsque les cornets sont enlevés, le nez est trop vide, ainsi la résistance des voies aériennes est réduite, ce qui affecte les poumons, créant ainsi une sensation de raideur. La deuxième cause est une perte de terminaisons nerveuses au niveau des cornets » a expliqué Yu.
« Les principaux critères de diagnostic est une obstruction nasale paradoxale », a déclaré Yu. « Elle est paradoxale parce que les patients sentent que leur nez est obstrué, alors qu’il ne l'est pas ».

Yu a mentionné qu'il existe de nombreux patients souffrant de problèmes  respiratoires, en particulier dans le nord où l’air est sec et froid.Yu a admis que le problème de l'ablation chirurgicale excessive était réel. « Les patients qui ont été opérés dans les années 1980 et 1990, ont un risque élevé  d'avoir l'ENS et 10% de chance de développer le Syndrome du Nez Vide après la chirurgie » a dit Yu.

"Il y a beaucoup de terminaisons nerveuses dans les cavités nasales, ce qui les rend très sensibles" a déclaré Yu, ajoutant que les patients se plaignent souvent que les maladies du nez ne tuent pas les gens, mais les rendre très malheureux » .
Selon les statistiques publiées  dans un rapport de l'Association des Hôpitaux Chinois,en 2012, il y a eu , en moyenne 27 attaques violentes contre le personnel médical dans chaque hôpital  en Chine. Le rapport a également souligné que les attaques étaient dûes  généralement  au fait qu’il existait un écart important entre les résultats du traitement et les attentes des patientst et à un échec de communication entre médecins et patients, aux  frais élevés et aux mauvaises attitudes des services médicaux.
Le service orl est particulièrement pointé du doigt en ce qui concerne les relations médecins/patients car « Les oreilles, la gorge et le nez représentent la première défense du corps humain et il y a donc beaucoup de patients dans ce service. De plus les patients ont des attentes élevées et les traitements ont des resultats très aléatoires, ce qui provoque facilement des conflits car une grande partie de la subjectivité est impliquée dans les symptômes des patients souffrant de problèmes orl », a déclaré Yu.
De plus, de nombreuses maladies ne peuvent pas être guéries et ne disposent pas encore des critères clairs en matière de diagnostic, a déclaré Yu. « Les médecins devraient expliquer aux patients à quoi ils doivent s'attendre après une chirurgie endonasale. Mais de nombreux patients chinois ont des  attentes trop élevées vis-à-vis  de la médecine que médecins ne peuvent asssumer ou fixer quoi que ce soit ».
Yumin, Directeur de la médecine psychosomatique branche del'Association Médicale Chinoise a déclaré au Metropolitan que l’ENS tombe dans la catégorie de la médecine psychosomatique, (relation entre les facteurs sociaux, psychologiques et comportementaux  sur le corps).
« Ce n'est pas une maladie mortelle » a expliqué que toute douleur physique peut avoir un impact considérable sur le mental.
« Les médecins  devraient se demander si le patient a nécessairement besoin d'une chirurgie? » Il a souligné également le problème de sur traitement.
« Vous devez tenir compte des expériences, des soins et de ce que ressentent les patients » a-t-il dit.
Source: Global Times

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