Témoignage de Stéphanie L. (Nouvelle Calédonie)
Août 2013 (1ère opération):
Je me plains de douleurs à l 'hémiface gauche (fourmillements) et d'un oedème facial modéré. Mon généraliste me prescrit un scanner et je consulte un premier ORL qui diagnostique un amalgame dentaire, soit disant, dans le sinus gauche. Celui-ci me dit : «Je vais élargir un peu l’entrée du sinus pour pouvoir aller chercher l’amalgame dentaire ». Je suis donc opérée le 26 août d'une méatotomie moyenne gauche. Le prélèvement réalisé, notera «une inflammation chronique et aucune lésion suspecte sous réserve des artéfacts de fixation».Tout de suite après, des douleurs apparaissent dans la narine gauche avec écoulement nasal, d'origine psycho-somatiques d'après le chirurgien ORL, qui vont s'intensifier en septembre 2013.
Octobre 2013 :
Consultation avec un nouvel ORL qui me prescrit un scanner et fait un prélèvement dans la narine gauche, révélant la présence d’un staphylococcus aureus,conséquence de l'opération. Ce dernier me suit jusqu'en février 2014 pour traiter le staphylocoque, avec antibiothérapie permanente et lavages sinusiens.
Il écrit : «J’ai comparé l’examen à celui réalisé le 22 août 2013. La patiente a depuis l’examen précédent bénéficié d’une méatotomie moyenne avec turbinectomie moyenne gauche...». Le compte- rendu du scanner note par ailleurs« la persistance d’une discrète hyperplasie en cadre de la muqueuse du sinus maxillaire gauche avec présence d’amalgame dentaire intra-sinusal… ».
Le premier ORL a pratiqué une turbinectomie radicale moyenne gauche, en plus de la méatotomie, sans que ça ne soit mentionné sur mon compte-rendu opératoire et sans m'en avoir informée au préalable...
Mars 2014 (2ème opération):
L'ORL veut retirer l’amalgame dentaire, je subis donc une méatotomie et un curetage du fond du sinus pour nettoyer le résidu de matériel d’origine dentaire. Le prélèvement révèlera aucune inflammation aigüe et une absence de corps étranger.
De mars 2014 à mars 2017 :
D'autres douleurs croissantes, en plus de celles énumérées ci- dessus, apparaissent : écoulement postérieur permanent, mouchage jaune, vert, rouge ou gris, douleurs à l’oreille (problème pour décompresser, sensation d’oreille bouchée), douleurs à l’ oeil, douleurs de l’hémiface gauche, brûlures dans la narine quand je respire, douleurs dentaires, ganglion à la base du crâne, migraines, problème de sommeil, fatigue, essoufflement.
Je revois plusieurs fois le second ORL qui répète inlassablement: « Tout va bien, Madame, côté ORL, allez consulter un dentiste », me faisant sous-entendre que toutes mes douleurs sont psychosomatiques... Je consulte donc un dentiste à plusieurs reprises qui effectue un scanner dentaire et qui me dit : « J’ai soigné une dent. Tout va bien : côté dentaire » mais mes douleurs sont bien présentes et augmentent...
Mars 2017 :
Je consulte un troisième ORL qui me prescrit trois scanners. La vérité, enfin ! Je ne suis pas folle, ni dépressive : mes douleurs ont bien une cause organique.
Voici ce qu'il écrit : « Névralgie faciale symptomatique induite et entretenue par une pathologie sinusienne maxillaire […] Anatomie dévastée par des interventions antérieures avec une résection mutilante de l’intégralité du cornet inférieur et de la paroi sinuso nasale […] Situation iatrogène catastrophique […] Douleurs incoercibles […] La situation est extrêmement complexe […] Sa mutilation est majeure et la reconstruction compliquée […] ». Je comprends que j'ai été mutilée...
Avril 2017 :
Mon dossier médical est envoyé à un professeur ORL à Paris, spécialisé en neurochirurgie et pathologie complexe ORL, avec avis neurologue nécessaire demandé. (Rendez-vous fixé le 30 novembre 2017)
Mai 2017 :
Je consulte un neurologue à Nouméa, plus avis nécessaire d'un neurologue de Sydney qui diagnostique une névralgie symptomatique due aux chirurgies endonasales. Ce dernier me prescrit un IRM et demande un avis au près d'un quatrième ORL.
Juin /juillet/ août 2017 :
Consultation avec le quatrième ORL qui me fait un traitement de fond. Je passe l'IRM qui ne note « pas d'anomalie évidente des paquets acoustico-faciaux et des nerfs trijumeaux ». Le quatrième ORL change alors mon traitement de fond. Le diagnostic du Syndrome du Nez Vide est alors soulevé. Voici ce que le neurologue me dit : « Syndrome du nez vide ??? Un avis professionnel est nécessaire, nous ne sommes pas compétents pour votre cas ».
Je précise également que le troisième ORL consulté m'a parlé de mutilation, d'un état iatrogène catastrophique mais à aucun moment ne m'a écrit que j'avais le Syndrome du Nez Vide, c'est en découvrant une émission de télévision : Engrenage infernal « victime de la médecine » dans laquelle Eric Canaux, victimes ENS, était interviewé que j'ai compris que je souffrais de cette maladie iatrogène... Quand j'ai parlé du Syndrome du Nez Vide, les deux derniers ORL ont acquiescé même s'ils ne me l'ont pas écrit...
Depuis le 28 août 2017, je suis en arrêt de travail prolongé, la médecine du travail m'a déclaré inapte à reprendre mon travail pour l'instant et mon état nécessite un suivi psychiatrique.Je suis depuis en longue maladie... Je joins à mon témoignage une image de mon scanner pour montrer les mutilations dont j'ai été victime et la dangerosité de la chirurgie endonasale...
Stéphanie L.